Le siège controversé de Valenciennes (mai-juillet 1793)

De tous les sièges subis par Valenciennes à l’époque moderne et révolutionnaire , celui de mai à juillet 1793 fut le plus long , le plus meurtrier et le plus destructeur. Il fut en même temps le plus controversé , car les conditions de reddition de la place, non sans soupçon de trahison, après trois mois de siège dont 43 jours de bombardement intensif firent d’emblée débat. Dès le lendemain de l’événement, des acteurs de premier plan tinrent à apporter leur éclairage sur cet épisode politico militaire majeur. Grâce à Jacques Bernet , ce tome XV des Mémoires du CAHVA reproduit les relations « à chaud » de Pierre Marie Desmarest, Charles Cochon et Philippe Briez , il compare ces analyses au témoignage bien postérieur (1839) d’Arnaud Texier de La Pommeraye qui s’inscrit dans un contexte de pleine réhabilitation. Le fait est que la Convention finissante déclara solennellement le 19 vendémiaire an IV que Valenciennes avait bien mérité de la patrie.
M. Guignet rappellera ce qu’il faut retenir des victoires françaises d’Hondschoote et de Wattignies. Les 6,7 et 8 septembre, alors que le duc d’York assiège Dunkerque, les troupes d’Hauchard remportent à Hondschoote et dans ses environs une dure bataille de fantassins sur un sol gorgé d’eau. Les 15 et 16 octobre, les forces conduites par Jean-Baptiste Jourdan et Lazare Carnot bousculent les Autrichiens à Wattignies au sud de Maubeuge. La situation militaire est rétablie sur la frontière du Nord.
Victor Hugo avec lyrisme dans Les Châtiments a exalté l’héroïsme des soldats de l’an II : « O soldats de l’an II, ô guerres, épopées ! Avec de vieux fusils sonnant sur leurs épaules , sans repas, sans sommeil, coudes percées , sans vivres … la Liberté sublime emplissait leurs pensées ». M. Guignet montrera l’affrontement de deux types d’armée et d’organisation militaire et plus largement de deux conceptions géopolitiques. Il fera la part du mythe de l’an II et de la réalité (l’intrépidité patriotique de soldats-citoyens qui faisait l’admiration de Clémenceau, de Jaurès , du CNR et de la France libre).